un riche patrimoine de style «Belle Epoque»


 L’importance du patrimoine architectural de style «Belle Epoque» dans le Haut Pays niçois témoigne de l’attrait dont jouit la Suisse niçoise entre 1860 et la veille de la seconde guerre mondiale.


 Des villas dans un «décor de rêve»


 La forme privilégiée de la villégiature est celle de la villa. Celle-ci est généralement située en dehors du village et le long des principaux axes de communication. La configuration des villages de montagne aux ruelles sombres et étroites, aux habitations denses et étriquées correspondait mal aux besoins des villégiateurs en quête d’espace et de nature. L’implantation d’une villa de villégiature répond en effet à la recherche d’un relatif isolement et d’un site naturel exceptionnel, souvent surélevé pour bénéficier d’un beau panorama et d’un maximum d’ensoleillement.
 Elle dispose d’ailleurs souvent d’aménagements destines à profiter du décor environnant tels que terrasses, larges baies vitrées, bow-windows, vérandas et balcons. Des éléments en contradiction avec le bâti traditionnel local qui limite les ouvertures sur l’extérieur.
 Située au centre d’une grande propriété, elle bénéficie en outre d’un parc d’agrément aménagé en jardin à la française ou complanté d’arbres à l’ombre desquels il fait bon se reposer Les plus prestigieuses possèdent des kiosques à musique. Celle de Lazare Raiberli, modèle du notable local possédait même un plan d’eau, aujourd’hui asséché, sur lequel femmes et enfants se prélassaient dans des barques.
 Dépourvue de chauffage central, il s’agit surtout d’une résidence dont on profite l’été pour fuir la chaleur estivale de la côte.
 Une architecture éclectique et prestigieuse La fantaisie et la distinction sont les deux principes qui guident à la construction d’une villa de villégiature. Certes, l’extravagance n’est pas de mise dans le haut pays. Loin des «folies niçoises », la villa de villégiature du haut pays bénéficie néanmoins d’une élégance discrète et se démarque nettement de l’habitat traditionnel local.
 Sa principale caractéristique est l’éclectisme de 1’ architecture. Avec un goût prononcé pour le pastiche ou le «néo », elle mélange aisément les genres. La présence fréquente d’une tour carrée ou ronde contribue à l’anoblissement de la demeure. Pour renforcer l’impression de prestige la villa se pare souvent d’une façade chargée en balcons, d’une véranda, d’une loggia et, située au sommet d’un grand escalier, d’une entrée avec colonnades à l’italienne au centre de la structure ou marquise couvrant le seuil.
 Pour ce qui est du décor, la villa en pierres de taille s’inspire beaucoup du bâti montagnard traditionnel mais fait souvent l’objet d’aménagements en bois. En effet les décors de type «frises en dentelle de mélèze» agrémentent balcons et avant-toits de certaines villas.
 Le bois, production locale, ainsi que le fer forgé sont fréquemment utilisés pour ces éléments. a peinture à la fresque et les trompe-l’œil décorent d’autres demeures, plus proches du style niçois. Ce procédé qui caractérisait déjà souvent les habitations des notables ruraux se répand avec la villégiature. Mais, il s’agit souvent d’un palliatif destiné à masquer la pauvreté des matériaux utilisés pour la construction. En guise de décoration, les motifs architectoniques sont les plus fréquents. Le peintre souligne la fonction de chaque élément structurel grâce à un jeu de lignes: chaînages d’angles et encadrements des baies pour les motifs les plus modestes; moulures autour des ouvertures, frontons classiques, balustres, fausses fenêtres, volets clos ou ouverts, pilastres et panneaux pour les plus recherchés. La composition de grande ampleur sur toute la façade est rare. Généralement on se contente de frises en bandeau sous le toit qui représentent un ensemble de fleurs, de feuillages, de rubans, d’oiseaux


des villas destinées à la réception


 Tout à l’intérieur de la villa de villégiature reflète aussi le prestige et le souci de le montrer. La demeure est d’abord aménagée pour la réception : un vaste hall d’entrée souvent muni d’un large escalier d’apparat mène à de vastes pièces ouvertes sur le parc. Les dépendances sont généralement situées au nord.
 Le luxe et le confort se traduisent par la présence de l’électricité, du téléphone et les aménagements de sanitaires ( salle de bains, WC) avec eau courante chaude ou froide.
 Quant aux fresques intérieures, elles reflètent une extraordinaire fantaisie décorative. Le bleu, symbole de la douceur de vivre et de l’élégance aristocratique est couramment utilisée. Il rappelle le ciel d’azur d’un décor souvent végétal destiné à transposer la nature à l’intérieur même de l’habitation.

 Vers une villégiature permanente


 Parfois décriée par les locaux, la villa de villégiature, imitée progressivement par la notabilité, finit par être intégrée au patrimoine local.
 Mais coûteux, le modèle décline avec la crise de 1929. Il est remplacé par des formes nouvelles de villégiature qui perdurent encore aujourd’hui: celles du chalet. Né après la seconde guerre mondiale, le chalet est progressivement adopté par les résidents. Une forme d’habitat qui trouve un épanouissement particulier à Saint-Martin, réputé aujourd’hui pour être le «village aux mille chalets ».